Selon le dernier baromètre réalisé par le cabinet Réhalto, les arrêts de travail ont augmenté de 6,85% par an depuis 2014. L’enquête a été réalisée auprès de 1505 salariés et 301 DRH d’entreprises de plus de 50 salariés. Pour vous, Groupe LIP revient sur les principales leçons à tirer de cette étude.
Le taux d’absentéisme des salariés augmente chaque année
D’après Christian Mainguy, directeur du cabinet Réhalto, le taux d’absentéisme connaît une croissance continue de 6,85% depuis au moins cinq ans, date du premier baromètre. L’année dernière, 44% des salariés auraient connu au moins un arrêt de travail dont la durée moyenne est de 14,1, soit 4 jours de plus qu’en 2014. Les résultats de l’enquête permettent de comprendre les raisons pour lesquelles les salariés se voient prescrire des arrêts.
Tous les secteurs d’activité et tous les métiers sont concernés. En revanche, leur nombre et leur durée peuvent varier d’un domaine à l’autre en fonction de différents critères. On observe notamment que les salariés de 50 ans et plus (4,4%), les ouvriers (6,5%) et les professionnels de l’industrie (4,8%) ont les taux d’absentéisme les plus élevés. A l’inverse, les taux d’absentéisme des moins de 30 ans (2,8%), des cadres (1,4%) et des salariés du commerce (2,2%) sont les plus faibles.
Le télétravail permet-il de lutter contre l’absentéisme ?
C’est en tout cas ce que pense le Gouvernement qui, il y a quelques mois, a annoncé réfléchir à simplifier la mise en place du télétravail pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer sur leur lieu de travail mais qui peuvent tout à fait réaliser leurs missions. C’est le cas par exemple d’un salarié qui n’est pas en contact physique avec des clients ou des fournisseurs, et qui peut tout gérer par téléphone ou email. En étant chez lui, il peut toujours faire son travail tout en respectant la plage horaire habituelle.
En attendant que le Gouvernement tranche sur la question, les entreprises peuvent tout à fait proposer le télétravail aux salariés qui occupent un poste compatible. Malgré cela, en 2019, seules 21% des entreprises sont conquises par le télétravail et ses nombreux avantages. Elles étaient 16% en 2018 mais cela reste trop peu pour Christian Mainguy qui est persuadé de l’efficacité du télétravail pour lutter contre l’absentéisme des salariés.
D’ailleurs, les résultats du baromètre le prouvent : le taux d’absentéisme des employés en télétravail est de 2 % contre 4,3 % pour ceux qui n’ont pas cette opportunité. Il semble que le chemin est encore long pour que les entreprises françaises franchissent enfin le pas de cette nouvelle organisation du travail !
Revenir au travail après un arrêt, est-ce si simple pour les salariés ?
Après un dernier jour de travail et une absence prolongée, les salariés vivent un moment angoissant, celui de leur retour en entreprise. Les changements qui ont pu être opérés peuvent s’avérer déstabilisants. Chacun doit alors retrouver ses marques, ses missions, ses clients et parfois même son bureau !
Le manager joue un rôle essentiel dans la réussite du retour de son collaborateur après un arrêt de travail. Il doit s’assurer que tout se déroule dans les meilleures conditions possibles et ne doit pas attendre de son collaborateur une efficacité à 100%. Il doit prendre le temps de le réintégrer à la vie de l’entreprise. C’est en tout cas ce qu’auraient aimé vivre 34% des salariés qui ont eu un arrêt court et 69% des salariés ayant été absents plusieurs mois.
Etat des lieux des différents types d’arrêts de travail
Un salarié peut être mis en arrêt pour différentes raisons, plus ou moins graves pour sa santé physique et psychologique. Heureusement, 46% des arrêts sont liés à une maladie ordinaire et sans gravité (rhume, angine, grippe…). Ensuite, viennent les troubles musculo-squelettiques qui sont responsables de 27% des AT.
Plus inquiétant encore, les phénomène d’épuisement professionnel, plus connu sous les termes “burn out” et “brow out“, génèrent 19% des AT selon le baromètre. 13% des arrêts sont liés à un accident et 10% à des troubles psychologiques ou des maladies de longue durée. Enfin, parmi les répondants, 4% avouent avoir déclaré être malade pour pouvoir s’occuper d’un proche souffrant.
Pourquoi les salariés ne prennent pas toujours leur arrêt de travail ?
Si 27% des salariés posent un arrêt sans hésiter, 29% le prennent avec une appréhension, 10% préfèrent poser un congé payé ou un RTT. Ils sont 34% à ne pas en bénéficier le moment venu, malgré les recommandations de leur médecin. Là encore, les raisons sont diverses et variées :
- 41% des salariés interrogés ne posent pas d’AT afin de ne pas subir une baisse de leur rémunération.
- Ils sont 32% à estimer que leur charge de travail est trop importante pour s’absenter, malgré la douleur ou le mal-être qu’ils subissent. A ce sujet, 22% des salariés questionnés avouent ne pas arriver à faire face aux missions qui leur sont confiées.
- Près d’un quart des salariés pensent davantage à leurs collègues qui doivent récupérer leurs missions et dossiers pendant leur absence.
- 18% des employés ont peur d’être mal perçus par leur supérieur ou leurs collègues s’ils posent un arrêt qui est pourtant justifié.
57% des arrêts durent moins d’une semaine
Selon le baromètre du cabinet Réhalto, 57% des AT durent entre un jour et une semaine : 34% des répondant ont été arrêtés de 1 à 3 jours et 23% ont eu de 4 jours à une semaine d’arrêt. La part de ces absences de plus de trois mois s’élève à 9% tandis que 34% des salariés ont eu un AT d’une semaine à trois mois.
Les actions menées par les employeurs pour le bien-être de leurs salariés
D’après le baromètre, 42% des entreprises françaises ont mis en place des actions spécifiques de prévention des AT. Cela concerne notamment l’amélioration de l’environnement de travail (80%), l’aménagement des horaires et rythmes de travail (65%), le renforcement de l’équipe du salarié absent (62%) ou encore l’accompagnement des salariés de retour après un arrêt (59%).
A cela s’ajoute également les actions pour améliorer la santé et la qualité de vie au travail des salariés, au sein même des locaux de la société. Par exemple, 25% des entreprises incitent les collaborateurs à pratiquer une activité physique et 28% les invitent à équilibrer leur alimentation à travers des ateliers thématiques. Elles sont également 25% à mettre à disposition de leurs salariés une ligne téléphonique d’accompagnement et de soutien psychologique.
Selon les DRH, les arrêts ont des impacts négatifs sur l’entreprise
Sur les 301 DRH interrogés, 75% ont conscience que les arrêts de travail ont un impact négatif sur l’organisation de l’entreprise (remplacement des salariés absents, gestion du planning) et 58% pensent qu’ils ont un effet négatif sur la performance de la société, notamment sur la baisse de la production, les retards de livraison et les surcoûts engendrés. Malgré ces certitudes, seuls 16% des DRH qui ont répondu à l’enquête disent avoir une idée précise du coûts des arrêts de travail pour leur entreprise tandis tandis qu’ils sont 59% à n’en avoir aucune idée.
Les DRH abordent le sujet des arrêts avec différents organismes
En 2023, 72% des DRH échangent régulièrement avec la médecine du travail. Il s’agit de l’organisme chargé de déterminer si un salarié est apte ou non à reprendre son poste après un arrêt de travail, notamment quand il a duré plusieurs semaines. Ainsi, le médecin du travail peut recommander l’aménagement du poste de travail, la mise en place du télétravail ou encore le travail en mi-temps thérapeutique. A l’entreprise ensuite de faire le nécessaire pour appliquer ces recommandations, avec l’accord du salarié.
Ensuite, 66% des DRH abordent le sujet des AT avec la direction générale de leur entreprise. Cette démarche est indispensable, notamment quand les arrêts sont nombreux. Ensemble, ils doivent comprendre les problèmes et trouver des solutions. Les DRH comptent également sur leur employeur pour améliorer la gestion de ces AT. Ils souhaitent notamment bénéficier de programmes d’accompagnement avant le retour à l’emploi , de conseils en matière de prévention des arrêts de travail (33% vs 16%) et d’outils d’analyse des causes des arrêts de travail.
Enfin, 32% des DRH échangent avec les dirigeants ou DRH d’autres entreprises, 26% avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), et 14% avec l’inspection du travail. Ils sont tout de même 4% à n’aborder le sujet avec personne, estimant sans doute qu’il n’est pas judicieux d’étaler ces problématiques…