Selon une étude réalisée par l’Insee en ce début d’année, les femmes qui ont des responsabilités familiales occupent moins souvent un emploi que celles qui n’ont pas ces contraintes personnelles à gérer. Mais qu’en est-il des papas ? Pourquoi les disparités au sein des couples continuent d’exister ? Nous vous éclairons sur le quotidien des parents salariés.
Changer d’emploi pour concilier vie professionnelle et vie familiale : beaucoup de parents salariés y pensent
Parmi les salariés qui ont des responsabilités familiales, les femmes et les hommes qui éprouvent des difficultés dans la conciliation de leur vie familiale et de leur vie professionnelle sont deux fois plus nombreux à souhaiter changer d’emploi (14 %) que ceux qui n’en éprouvent pas (7 %). Quant aux ouvrières, elles sont plus sensibles aux difficultés de conciliation et près d’un quart d’entre elles envisagent une reconversion professionnelle.
Les salariés ont alors des motivations diverses pour trouver un nouveau travail. 33% des répondants recherchent de meilleures conditions de travail, un rythme plus adapté et si possible plus de souplesse dans les horaires ou la diminution du temps de transport entre leur habitation et leur lieu de travail. Pour 11 % des parents salariés, l’ambiance dans l’entreprise est un facteur très important, qui contribue considérablement à leur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.
La naissance d’un enfant et ses conséquences sur les parents salariés
L’arrivée d’un enfant dans un couple est un changement important qui nécessite de revoir son organisation. Dans cette situation, le maintien d’un équilibre entre la vie familiale et la vie professionnelle reste très complexe pour 61 % des salariés français (61 %).
Le rythme trouvé jusqu’alors est bouleversé, notamment pour les femmes qui sont les premières à subir les conséquences de la parentalité. Pour 45% d’entre elles ayant entre 25 et 49 ans, la naissance d’un enfant a eu des répercussions sur leur vie professionnelle. Seuls 23% des hommes estiment également que leur nouveau rôle de père a impacté leur travail.
Il existe des disparités selon les catégories socioprofessionnelles et le niveau de diplômes des salariées. Par exemple, 56% femmes cadres déclarent que leurs responsabilités familiales ont des conséquences sur leur emploi. Elles sont 50% dans les professions intermédiaires, 40% chez les employées et 27% chez les ouvrières.
Dans la grande majorité des cas, le principal effet du rôle de maman est le temps de travail ou l’organisation des journées, notamment chez les femmes cadres qui réduisent leur temps d’activité professionnelle pour s’occuper de leurs enfants (20%). Le cas est beaucoup plus rare chez les ouvrières (8%).
Les salariés hommes et femmes rencontrent des difficultés à concilier vie pro et vie privée
Pour de nombreux parents salariés, la gestion du travail et de la vie personnelle est parfois un véritable casse-tête. Il faut jongler entre les horaires de bureau, ceux de l’école ou de la nounou, sans oublier les horaires des activités extrascolaires. Les journées de 24 heures ne sont plus assez longues, et la fatigue s’accumule sans pouvoir être rattrapée un jour.
Selon les répondants à l’enquête de l’Insee, 59% des hommes et 63% des femmes avouent rencontrer des difficultés pour concilier travail et responsabilités familiales. Les contraintes les plus citées sont le manque de temps (41%), l’intensité des journées de travail et la fatigue (13%). En revanche, seulement 3% des participants citent le manque de compréhension de leur employeur ou de leurs collègues parmi les difficultés rencontrées.
Quel que soit l’âge de leurs enfants, les parents salariés sont confrontés aux mêmes contraintes pour trouver un équilibre entre leur activité professionnelle et leur vie familiale. 66% des travailleurs ayant un enfant de moins de 3 ans ont des problèmes. Ce chiffre descend à 54% pour les parents d’enfants de plus de 10 ans. Enfin, “73 % des cadres âgés de 25 à 49 ans et ayant des responsabilités familiales déclarent des difficultés de conciliation”.
Travailler en temps partiel pour profiter de sa vie de famille
Face aux difficultés rencontrées pour gérer travail et vie familiale, 72% des salariés hommes et femmes exercent en temps partiel, avec l’accord de leur employeur. Parmi les personnes ayant des responsabilités privées, 31% des femmes sont en temps partiel contre seulement 4% des hommes.
Là encore, les chiffres varient selon les caractéristiques de l’emploi exercé. Les femmes cadres sont moins souvent à temps partiel (21 %) que les autres salariées mais si elles le sont, c’est en majorité pour raisons familiales (83 %). Leur statut permet d’aménager leurs horaires de travail en commençant plus tôt ou en finissant plus tard.
Quant aux ouvrières, 25 % d’entre elles travaillent en temps pareil. Elles sont 50% à l’être pour des raisons familiales mais 40% aimeraient exercer à temps complet. Elles sont confrontées à une réalité importante à prendre en compte, celle de ne pas disposer de l’aménagement de leurs horaires de travail. Ainsi, “les faibles marges de manœuvre des ouvrières pour adapter leurs conditions de travail renvoient à leur fort retrait de l’emploi lorsqu’elles ont des enfants”.
Le temps partiel est une alternative intéressante pour celles et ceux qui souhaitent profiter de leurs enfants plus souvent, en pleine semaine. En revanche, il faut calculer d’un côté la perte de revenu engendré et de l’autre les économies réalisées auprès de la crèche ou de la nourrice pour mesurer l’impact financier de cette organisation.
Les ouvrières avec des responsabilités familiales sont plus souvent inactives ou au chômage
Selon l’Insee, “au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle, les femmes salariées ou anciennement salariées âgées de 25 à 49 ans ayant des responsabilités familiales sont moins souvent en emploi”. Il existe un véritable écart entre les ouvrières ayant des responsabilités familiales et celles qui n’en ont pas. En effet, seules 54 % des mères salariées sont en emploi, contre 74 %.
À l’inverse, la gente masculine ayant des responsabilités familiales sont plus souvent en emploi que ceux qui n’ont pas d’enfant. Cela s’explique par le fait que leurs femmes s’occupent de leur progéniture, leur permettant alors de travailler sans difficulté.
Etre parent et salarié la semaine et le week-end, est-ce possible ?
Certaines professions permettent aux salariés de travailler à leur domicile un ou plusieurs jours par semaine. C’est ce que l’on appelle le télétravail. Toutes les entreprises françaises n’ont pas encore mis en place cette nouvelle organisation du travail mais les avantages du télétravail sont nombreux pour les parents qui réduisent considérablement leur temps de trajet et peuvent alors être plus efficace. En revanche, selon l’étude de l’Insee, “le télétravail augmente aussi la porosité entre les sphères privée et professionnelle.” De plus, 40 % des cadres travaillent à leur domicile alors que ce n’est pas leur lieu de travail, contre 20 % des professions intermédiaires et moins de 3 % des employés et des ouvriers.
Du côté des employés, la situation est tout à fait différente. 45% d’entre eux travaillent le samedi ou le dimanche, contre 34% de l’ensemble des salariés. Les ouvriers, eux, sont davantage concernés par les horaires alternés (16%) et par le travail de nuit, notamment dans les usines (14%). Ces irrégularités dans les horaires de travail ont un impact sur l’équilibre familial des parents salariés. Ils doivent alors trouver des solutions durables et efficaces pour continuer à profiter de leurs enfants quand ils ont du temps libre.
Source : Etude “Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes”, Insee