Inscrit dans la loi Travail et entré en vigueur le 1er janvier 2017, le droit à la déconnexion est une spécificité française qui concerne tous les salariés du secteur privé. L’objectif est de lutter contre le phénomène de burn out en permettant aux employés de ne pas être sollicités par leurs collègues ou responsables en dehors de leurs heures de travail.
Pas de définition officielle du droit à la déconnexion
La loi El Khomri (autre nom de la loi Travail) ne prévoit pas de définition précise du droit à la déconnexion. Ce sont aux entreprises de définir les modalités en rédigeant une charte donc chacune est libre d’écrire ce qu’elle veut.
Cependant, nous pouvons affirmer que l’objectif est de permettre aux salariés de mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie privée, et ainsi éviter le phénomène de burn out qui est de plus en plus courant. Pour y parvenir, les employeurs ne doivent donc pas contacter leurs employés en dehors de leur temps de travail. Cela concerne notamment les congés payés, les RTT mais également les week-ends et les soirées.
Au final, presque tous les salariés sont concernés par le droit à la déconnexion, quels que soient le secteur d’activité, le poste occupé ou encore le statut hiérarchique. Seuls les employés du secteur public sont exclus en raison « des enjeux de continuité du service public ».
Quelles sont vos habitudes de déconnexion pendant les vacances ?
Nous vous avons interrogé sur vos habitudes de déconnexion pendant vos congés et les résultats sont sans appel : vous n’abandonnez pas complétement votre environnement professionnel. Vous êtes 37,7 % à filtrer vos appels, 34 % à répondre seulement en cas d’urgence et 3,80 % à toujours répondre. Mais plus de 25 % des répondants éteignent leur téléphone pro pendant leurs vacances.
Quant aux emails, vous êtes 77 % à les consulter (18,86 % toujours, 39,64 % seulement en fonction de l’importance et 18,86 % en cas d’extrême urgence uniquement). En revanche, seulement 5 % d’entre vous y répondent à chaque fois. Cela signifie que vous souhaitez garder un contact avec vos collègues mais que vous ne répondez pas souvent aux emails reçus.
Pourquoi restez-vous connecté pendant vos congés ?
Pour celles et ceux qui consultent leurs appels ou emails pro pendant les congés, plusieurs raisons expliquent ce manque de déconnexion. Pour 27 %, la peur de passer à côté d’une information importante justifie le fait d’avoir son portable à portée de main. 32 % disent gagner du temps en suivant au fur et à mesure les sollicitations. 34% des personnes interrogées ont répondu que leur poste ne leur permettait pas d’être injoignable. Enfin, plus de 65 % ont tout simplement la volonté de s’assurer que tout se passe bien au bureau et que leur retour au travail se passe en douceur
Enfin, à la question “considérez-vous que votre entreprise tient compte du droit à la déconnexion ?”, les avis divergent. Vous êtes 3 % à répondre “non, pas du tout”, 18,87 % “non plutôt pas”, 34 % “oui plutôt”, et 43 % “oui, tout à fait”. Les employeurs et les managers doivent donc continuer leurs efforts pour ne plus solliciter leurs collègues pendant les congés (sauf cas particulier et convenu à l’avance avec la personne concernée).
Quelques astuces pour respecter le droit à la déconnexion
Chaque entreprise est donc libre de rédiger sa propre charte en accord avec les représentants du personnel, les syndicats et la direction le cas échéant. Son contenu doit prévoir la mise en place d’actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils digitaux.
Par exemple, vos employeurs peuvent prévoir une non-obligation de répondre aux emails en dehors du temps de travail. Vous pouvez bénéficier également d’un droit d’alerter votre hiérarchie en cas de situation abusive et récurrente. Certaines sociétés ont déjà bloqué l’accès aux serveurs informatiques et aux messageries le soir et le week-end pour éviter aux salariés de travailler en dehors de leur contrat.
Enfin, des entreprises ont demandé à leurs salariés d’ajouter de nouvelles mentions dans leur signature email comme par exemple « si vous recevez ce mail pendant votre période de repos, vous n’êtes pas tenu d’y répondre immédiatement ».
Le droit à la déconnexion peut-il protéger la vie personnelle ?
Plusieurs études ont été menées ces dernières années auprès des salariés pour connaître leurs habitudes de déconnexion (ou non) lors de leurs congés. En juillet 2017, l’IFOP a interrogé 1 002 salariés cadres français et 78 % d’entre eux ont avoué consulter leurs communications professionnelles pendant les vacances et week-ends. Cela concerne notamment les professions libérales (89 %), les cadres de la fonction publique (80 %), ou encore les cadres d’entreprises (76 %). Parmi ces accros aux emails et appels pros, 51 % disent ne pas décrocher pour s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes pendant leur absence. 31 % pensent que cela leur empêche d’être débordé à leur retour et 11 % ont peur de manquer des opportunités professionnelles ou des informations importantes.
Malgré leur pleine conscience, 51 % des salariés interrogés par IFOP considèrent que le fait de consulter leurs emails pros pendant leurs congés est un facteur de stress, générant pour 29 % d’entre eux « une source d’agacement pour [leurs] proches ». Et c’est bien là tout le problème ! Avec les nouvelles technologies et les nouveaux outils mis à notre disposition, difficile de laisser de côté notre quotidien digital… surtout quand on reçoit ses emails pro sur son portable perso. Les impacts de la non-déconnexion sont nombreux et peuvent générer de véritables troubles dans la vie privée.
Quels sont les impacts du numérique sur la vie privée ?
Avec le numérique, les repères de temps et d’espace de travail ont considérablement changé. Le télétravail a donné un nouveau sens à l’organisation de certains postes et l’accès aux informations depuis notre smartphone casse les barrières que nous avions lorsque nous quittions notre entreprise le soir. En d’autres termes, le digital s’invite constamment dans notre vie privée, tel un envahisseur pas toujours apprécié par les proches de celles et ceux qui ne savent pas décrocher de leur travail.
Les salariés sont atteints du syndrome du FOMO
Face à ce phénomène, de nombreux salariés sont atteints du syndrome FOMO (fear of missing out ou la peur de manquer une information). On peut également le constater dans la vie privée avec l’impact des réseaux sociaux. N’y allons-nous pas plusieurs fois par jour pour vérifier que nous ne sommes pas passés à côté d’une actualité importante ? Dans le cadre du travail, c’est pareil ! Le fait de consulter ses emails, de répondre aux SMS ou aux appels de vos collègues permet de ne rien manquer pendant votre absence, au détriment de vos proches qui, eux, considèrent que vous préférez travailler plutôt que profiter d’eux.