Le développement des nouvelles technologies concerne de nombreux secteurs d’activité, notamment les métiers de la logistique, de la santé ou encore du commerce. C’est le cas des exosquelettes qui font leur apparition dans les entreprises françaises afin d’aider les salariés à réaliser leurs missions en diminuant les charges physiques et les problèmes de santé liés. Pour vous, Groupe LIP a réuni les dernières informations sur les exosquelettes en manutention.
Qu’est-ce qu’un exosquelette dans le monde professionnel ?
Selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), “un exosquelette est un système mécanique ou textile revêtu par le salarié et visant à lui apporter une assistance physique dans l’exécution d’une tâche, par une compensation de ses efforts et/ou une augmentation de ses capacités motrices (augmentation de la force, assistance des mouvements, etc.).”
Ces nouveaux outils technologiques sont de plus en plus utilisés dans les entreprises du BTP et de la Logistique, notamment pour les manutentionnaires qui passent leur journée à porter et déplacer des charges lourdes. Nous assistons à une véritable révolution du monde du travail depuis plusieurs années et cela ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
La SNCF teste l’utilisation des exosquelettes en manutention et en maintenance
Consciente que les missions du manutentionnaire peuvent provoquer des troubles musculosquelettiques au fil du temps, la SNCF a sollicité l’aide de la start-up Ergosanté Technologie afin de créer un exosquelette en manutention d’un nouveau genre appelé “Shiva Exo”. Selon la SNCF, il est “l’équivalent de cinq exosquelettes en un seul” et est une première mondiale en raison de son caractère “multi-assistance”.
La SNCF a tenu à préciser que l’objectif de l’exosquelette est “d’assister ce qui est pénible” au quotidien afin de préserver la santé au travail et non pas de créer des “hommes augmentés” et l’ergonome Yonnel Giovanelli d’ajouter que “l’idée, c’est d’assister l’agent sur des tâches qui sont physiquement contraignantes”. Les professionnels de la logistique, de la maintenance et de la mécanique au sein de la SNCF peuvent donc tester ce matériel à 7 000 euros pièce.
Le constructeur Ford équipe ses ouvriers de gilet robotique
Dans le secteur de la manutention, le constructeur automobile Ford a équipé ses ouvriers avec un gilet robotique afin de les épauler “dans leurs tâches quotidiennes au travail en leur facilitant par exemple, la réalisation de certaines tâches physiques et/ou pénibles.” Grâce à ce matériel baptisé EksoVest, les ouvriers sont plus résistants à l’effort sachant que leur travail équivaut “à porter un sac de farine ou une pastèque 4 600 fois par jour”. A terme, cette initiative a pour objectif d’améliorer la productivité des salariés tout en réduisant les douleurs, les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Les inconvénients des exosquelettes en manutention
Les bénéfices procurés par ces évolutions technologiques sont nombreuses, mais ils sont également accompagnés d’inconvénients qu’il faut prendre en compte avant d’investir dans ce genre de technologies encore récentes. En effet, les exosquelettes en manutention ne réduisent pas la répétitivité des gestes, contrainte à l’origine de plusieurs troubles musculosquelettiques (TMS). Ils ne sont pas (encore) créés sur-mesure et peuvent ne pas correspondre à la morphologie de tous les salariés. Par exemple, les personnes trop petites ou trop grandes ne pourront pas utiliser le matériel correctement et sans risque. Ces particularités doivent alors être prises en considération au moment venu.
Les exosquelettes et les pannes mécaniques
Comme pour toute technologie, le dysfonctionnement du matériel peut provenir d’un mauvais réglage, d’une défaillance du système électronique ou encore du logiciel. Dans tous les cas, cela peut avoir des conséquences graves sur l’utilisateur et sa santé. Par exemple, le choc entre l’exosquelette et un autre outil peut entraîner de sérieuses blessures. Pour éviter une panne mécanique, il est vivement recommandé de tester les limites du matériel avant de le mettre à disposition des manutentionnaires.
Des perturbations sensorielles et une nouvelle façon de travailler avec les exosquelettes en manutention
Le port d’un exosquelette au travail peut entraîner des effets négatifs sur la motricité d’un salarié et par conséquence des perturbations sensorielles déstabilisantes. Les gestes sont différents, un temps d’adaptation est alors nécessaire pour éviter les risques de chute ou de perte d’équilibre.
Les repères ainsi que les efforts physiques sont modifiés et d’autres parties du corps peuvent être davantage sollicitées. Les employeurs doivent donc s’assurer que la mise en place des exosquelettes dans leur entreprise n’est pas une idée contre-productive sur le long terme en raison de risques physiques avérés.
Les exosquelettes représentent-ils des risques psychologiques pour les salariés ?
Il est encore trop tôt pour tirer de réelles conclusions sur les effets psychologiques des exosquelettes en manutention. En revanche, il apparaît évident que ce changement de mode de travail peut engendrer des interrogations. Mon employeur ne va-t-il pas attendre de moi une productivité plus importante et de meilleure qualité ? Serais-je toujours aussi autonome dans mes tâches et mes mouvements ? Ne vais-je pas me sentir surpuissant au contact de l’exosquelette ? Toutes ces questions sont tout à fait légitimes et c’est au dirigeant de l’entreprise et aux managers d’apporter des réponses concrètes à leurs salariés.
La formation des salariés à l’utilisation des exosquelettes en manutention
Les réticences des salariés à l’arrivée des exosquelettes en entreprise sont justifiées si le fonctionnement ne leur a pas été suffisamment expliqué et présenté en amont. Un ouvrier, qu’il soit expert du BTP, de la mécanique ou de la manutention, a des habitudes de travail qui sont bouleversées par l’arrivée d’une nouvelle technologie. Pour éviter des accidents, des formations sont indispensables. C’est d’ailleurs pour cela que les CACES ont été mis en place.
Une formation à l’exosquelette est donc indispensable pour que les utilisateurs se familiarisent avec leur nouveau système. Les employeurs doivent rassurer leurs travailleurs en précisant qu’il ne s’agit pas de les remplacer ni de les pousser à travailler davantage. Ils sont avant tout créer pour faciliter la réalisation des tâches pénibles et répétitives.
Une fois encore, le choc des générations peut engendrer de véritables conflits au sein de l’entreprise. Un jeune travailleur qui effectue son premier emploi sera sans doute plus réceptif à ces nouvelles technologies que son collègue en fin de carrière qui a toujours travaillé de la même façon. Un challenge attend alors les dirigeants d’entreprise pour faire accepter l’arrivée de ces nouveaux dispositifs dans le monde du travail.