Une récente étude menée par des Français a prouvé qu’un temps de travail prolongé augmenterait considérablement le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Découvrez pour quelles raisons et comment l’éviter.
Une étude française pour établir un lien entre temps de travail et l’AVC
L’étude a été réalisée par l’hôpital Raymond-Poincaré, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, l’Université Paris-Saclay et l’Inserm. Elle avait pour objectif d’étudier “l’association entre temps de travail prolongé et risque d’AVC en fonction de l’âge, du sexe et du type de travail”. Les personnes travaillant à temps partiel et celles qui avaient déjà eu un AVC étaient exclues de l’étude afin d’obtenir des résultats réalistes. Au total, 140 000 personnes ont participé.
Qu’est-ce qu’un AVC ?
Un AVC est “la conséquence de l’obstruction ou de la rupture d’un vaisseau transportant le sang dans le cerveau”. Dans le langage courant, on parle aussi “d’attaque cérébrale”. L’AVC est un déficit neurologique qui arrive soudainement. Il peut impacter la motricité (impossibilité de bouger un membre), la sensibilité (ne plus sentir le côté droit ou gauche de son corps), le langage (être incapable de parler ou dire des choses qui ne veulent rien dire), ou encore la vision (ne plus voir normalement). Cela dépend de la partie du cerveau qui est concernée.
Scientifiquement, on distingue trois types d’AVC différents :
- Les infarctus cérébraux qui représentent 80% des AVC. Ils sont principalement dus à la présence d’un caillot de sang qui bouche une artère cérébrale.
- Les hémorragies cérébrales (15% des AVC) surviennent lorsqu’une artère cérébrale se rompt et qu’un hématome se forme dans le cerveau.
- Enfin, les hémorragies méningées (5% des AVC) sont liées à la rupture d’une artère cérébrale superficielle responsable d’une hémorragie dans les enveloppes qui entourent le cerveau.
Selon la fondation pour la recherche sur les AVC, 140 000 nouveaux cas sont détectés chaque année, soit un toutes les 4 minutes. L’accident vasculaire cérébral est d’ailleurs la première cause de handicap acquis de l’adulte et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer. On estime qu’une personne sur 6 sera victime d’un AVC au cours de sa vie. Enfin, il est la première cause de décès chez la femme et la troisième chez l’homme.
Pas de lien de causalité véritablement établi
Après avoir analysé les résultats, les auteurs de l’étude ont conclu que le “risque de survenue d’AVC est 29 % plus important pour la population qui effectue des temps de travail prolongés (10 heures minimum par jour pendant au moins 50 jours par an) que pour celle qui travaille moins”. En revanche, aucune différence n’a été observée entre les femmes et les hommes. Si un salarié travaille plus de dix ans de façon prolongée, le risque d’AVC augmente encore de 29%. Malgré les résultats obtenus, les auteurs de l’étude insistent sur l’absence de “lien de causalité démontré”. Pour autant, ils confirment qu’il existe bien une “association significative entre risque de survenue d’AVC et temps de travail prolongé sur une période égale ou supérieure à dix ans.”
L’impact des heures supplémentaires sur la santé des Français
Nombreux sont les salariés français a effectuer des heures supplémentaires chaque semaine, qu’elles soient rémunérées ou non. Dans tous les cas, cela signifie qu’ils travaillent plus que ce qui est prévu dans leur contrat de travail. Croyant souvent bien faire, l’étude a révélé que si le risque d’AVC augmente, c’est en partie à cause du nombre d’heures travaillées. Ainsi, il est recommandé de ne pas travailler plus de 10 heures par jour, quel que soit le poste que vous occupez dans votre entreprise. N’oubliez pas qu’éprouver du bien-être au travail et être en bonne santé est indispensable pour que vous puissiez exercer votre métier dans les meilleurs conditions.
Faut-il travailler plus pour être plus productif ?
Pour faire ses preuves, terminer un projet ou boucler un dossier important, nous ne comptons pas nos heures. Et pourtant, cela n’est pas forcément synonyme d’une meilleure productivité, bien au contraire. Lorsque vous travaillez plus que prévu, vous sacrifiez votre bien-être personnel et c’est une grave erreur. Cette situation engendre du stress, de la fatigue et peuvent vous conduire au syndrome du burn-out (l’épuisement professionnel) ou à un accident du travail. Dans ces conditions, vous devez vous absenter quelques jours ou quelques semaines et cela représente une perte de productivité importante pour votre entreprise.
Les moins de 50 ans les plus exposés
Selon Alexis Descatha qui a conduit cette étude, les personnes ayant entre 20 et 50 ans qui travaillent trop ont “tendance à modifier leurs comportements alimentaires, à faire moins d’exercice physique, et à consommer parfois plus de tabac, d’alcool et de psychotropes”. Ainsi, le risque d’AVC est plus important pour ces jeunes salariés.
Quant aux trois secteurs d’activité les plus concernés, l’étude pointe du doigt la santé, la logistique et les médias, trois domaines dans lesquels les salariés ont des conditions de travail particulièrement difficiles avec le travail de nuit, de garde ou d‘astreinte.
Pour le professeur Yannick Bejot, “physiologiquement, la nuit, la pression artérielle diminue de 10 à 20 %. Cette fonction protectrice est alors perturbée par la modification du rythme veille-sommeil”. De plus, “le travail de nuit va également déréguler la prise alimentaire et la sécrétion d’insuline, faisant le lit du surpoids et du diabète, autres facteurs de risques d’attaques cérébrales”.
Attention à votre hygiène de vie
Notre état de santé dépend de nombreux facteurs, et notre hygiène de vie est en première ligne. Les salariés qui ont une activité intense et qui multiplient les heures supplémentaires négligent leur hygiène de vie ce qui augmente les risques de maladie.
L’étude internationale Interstroke avait déjà révélé les dix facteurs de risques modifiables qui contribuent à la survenue de 90 % des AVC. En plus de l’hypertension, on retrouve le tabagisme, la consommation excessive d’alcool ou encore l’alimentation non-équilibrée. A cela s’ajoute la prise chronique de certains médicaments qui ont un impact direct sur notre corps et son bon fonctionnement. Voilà beaucoup de facteurs que nous pouvons éviter en soignant notre façon de vivre et de consommer.
La sédentarité favorise les risques cardio-vasculaires
Les messages “Ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé” ou encore “pratique une activité physique régulière” n’ont pas arrêté de résonner sur nos écrans de télévision ces dernières années. Et pour cause ! En dehors de l’alimentation, la sédentarité est porteuse de risque cardio-vasculaires. Elle peut augmenter l’hypertension ou le diabète et ainsi favoriser le développement d’un AVC. Il est donc vivement recommandé aux personnes travaillant assises à un bureau de se lever régulièrement pour marcher, se dégourdir les jambes et s’aérer l’esprit. Ne négligez donc pas la pause café et la pause déjeuner ! Profitez de ce moment pour vous promener ou pour rester un peu debout.